vendredi 17 avril 2020

Le Diable

Je suis inquiet, trop souvent, mais je ne peux m'en empêcher.

Je suis inquiet pour ma fille.
Ginger est forte, indépendante et elle a un caractère bien trempé, mais elle est aussi impulsive, irréfléchie et narcissique.
Elle a toujours eu de la difficulté à s'approcher des autres, il ne me semble pas qu'elle ait eu un ami dans sa jeunesse.
Je voudrais tant qu'elle puisse se tourner vers quelqu'un si jamais elle a un problème, une difficulté qu'elle ne pourra pas surmonter seule, car c'est ce qu'elle est en ce moment, seule.
Est-ce mal de lui demander de se rapprocher des autres ?
Est-ce mal de s'inquiéter de l'avenir de son enfant ?

Je l'aime telle qu'elle est, et si devenir une sirène peut contribuer à son bonheur, alors je n'ai aucune objection. Mais, ce qu'elle souhaite ne contribue pas à amoindrir mon inquiétude. Au contraire, elle est croissante, continuellement avec les choix de vie qu'elle fait.
Je ne sais pas quel chemin ai-je pris pour qu'elle devienne ainsi.
Ai-je vraiment eu une influence sur sa façon de penser ?
Ou est-ce lui, qui en a eu, plus que moi ?
Je ne pense pas que Mephistos ne l'aime pas. Probablement pas autant que son élève, mais je ne crois pas qu'il soit indifférent au sort de notre fille commune.
J'ai décidé de la protéger contre lui, car je savais que ce qu'il faisait, il ne le faisait pas nécessairement de gaieté de coeur. Qui voudrait tuer son propre enfant, celle que l'on a élevée ?

Mephistos a ses propres croyances et ses propres convictions, mais elles ne sont pas les miennes. Néanmoins, je continue de croire et d'espérer.
Qu'il ne voulait pas réellement lui faire de mal, mais qu'il était obligé.
Qu'elle peut encore s'améliorer et devenir plus sociable.

Je m'inquiète aussi pour mon élève. Il prend trop à coeur mes propres sentiments. J'ai été attristé par le comportement de Ginger, mais il n'a pas à le prendre autant à coeur.
D'autant plus que je suis fière qu'elle fasse autant d'effort. Je suis heureux lorsqu'elle avance dans la vie et triste lorsqu'elle tombe. Mais, c'est normal, non ?
Je m'inquiète, voilà tout.

Et mon élève, lui s'inquiète pour moi. Il est heureux lorsque je le suis, et malheureux  dans le cas contraire. Quel contraste ! J'ai élevé une enfant pas assez sensible aux autres, et désormais, je dois élever un enfant qui est trop sensible.

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