jeudi 6 septembre 2018

Il me comprendra

Je sais bien que je ne suis qu'une petite fille.
Je sais bien que je ne comprends pas tout comme les adultes et même si parfois certains essayent de m'expliquer quelque chose, comme Céleste, je m'accroche à mes connaissances passées parce que les nouvelles sont contradictoires dans ma tête.
Je sais bien que je ne connais pas tout et que je n'ai sûrement pas souvent raison.

Mais, en ce moment, je crois bien que j'ai bien agit, que j'ai bien fait.
Elle avait besoin d'aide, il avait besoin d'aide et lui, paraissait désespéré en me demandant de faire quelque chose qui dans sa tête semblait vraiment difficile.
Moi, je ne pensais pas, je n'ai pas cru que la tâche serait insurmontable.
Je pensais bien faire, aider Khaly, rassurer Mephistos, après tout, ils font partis de notre groupe, après tout on doit bien s'entraider pour qu'on reste soudé. À chacun sa tâche, à chacun la responsabilité de faire tout son possible, et moi, moi je n'ai jamais vraiment rien à faire.
Alors, oui, pour une fois, j'ai décidé de faire quelque chose de bien, d'utile pour quelqu'un d'autre dans le groupe parce qu'ils en avaient de besoin.
Je suis toujours celle qu'on veut protéger, celle qu'on met en arrière parce qu'on ne veut pas lui montrer que la vie est dure.
Je suis reconnaissante qu'on veuille protéger mon coeur d'enfant, mon innocence de fillette comme parfois les marins le disent, mais moi aussi, j'aimerais faire quelque chose parfois, aider, juste un tout petit peu.
Ils en font tous tant pour moi, pour mon père, pour ma famille, que je dois faire ma part aussi quand je peux, quand on me laisse l'occasion de faire quelque chose.

Alors, cette fois-ci, j'ai voulu faire quelque chose, faire quelque chose de bien. Ce n'était peut-être pas nécessairement moi qui devait le faire, mais on me l'a proposé en premier. Enfin, il me l'a proposé en premier parce qu'on était dans la même cabine, mais il a quand pris le temps de réfléchir à tout ça. Il ne voulait pas demander aux marins, car ils font fonctionner le bateau. Il ne voulait pas demander à ceux qui semblent déjà mal en point dans notre groupe, car ils doivent eux-même retrouver des forces pour plus tard. Il ne pouvait pas le payer lui-même, car il doit tenir ses promesses.
Alors, il a demandé à moi, une petite fille, trop jeune pour être vraiment utile dans le bateau, mais qui peut prendre tout de même un peu de responsabilité.
J'ai été tellement contente qu'il me le propose, qu'il pense que moi, je pouvais le faire au même titre que les autres.
Il m'a bien expliqué en quoi ça consistait, que ça pouvait être très pénible au point d'en être insupportable, mais moi, je ne voulais pas y croire et je voulais tellement aider pour une fois, que j'ai dit oui.

Maintenant ... je regrette. C'est tellement plus difficile que je me l'étais imaginé, tellement plus horrible que ça paraissait que je ne veux plus. Je veux juste qu'on me laisse là, dans cet état et qu'on m'aide !!! Qu'on m'aide à faire cesser les battements de mon coeur qui résonne jusque dans mon crâne, qu'on m'aide à trier toutes ces pensées qui tourbillonnent dans ma tête qui me donnent le tournis, qu'on m'aide à pleurer, car j'ai les yeux trop fatigués pour le faire désormais, qu'on m'aide à parler, murmurer, crier, car c'est tout ce qui semble cohérent maintenant, faire sortir ce qui engloutit mon cerveau.
Je veux qu'on m'aide à en finir !!!

Et puis, .... ça s'arrête, je sens l'obscurité m'engloutir, mon corps froid qui tombe, j'arrête de réfléchir et ça me fait du bien.
Je pense ... je pense que j'ai aidé ... quelqu'un ... qui ? je ne le sais plus ... mais ce que j'ai fait était bien, non ?
Oui, il me répond, toujours inlassablement, sa voix me berce encore et encore, il est mon ancre dans cette folie.
Ça ... au moins, je peux me dire que ... je suis bien contente ... qu'il ait été là ...

Papa, j'espère que tu me comprendras ... que tu comprendras pourquoi j'ai fait ça ... parce que moi, je ne sais plus ...