mardi 5 novembre 2013

La force d'avancer, le courage de suivre, la volonté de continuer malgré tout

Ma situation n'est pas facile, je le sais, mais je veux surtout tout faire pour ne pas rendre plus difficile celle des autres autour de moi.
J'ai besoin de Conrad, j'ai besoin en ce moment d'une présence qui me rassure. Je reconnais ma faiblesse et je sais qu'elle n'est pas mal. Il me suffit de temps, de beaucoup de temps pour passer au travers de tout ce qui c'est passé.
Pourtant, tout semblait si normal il n'y a pas si longtemps de ça, mais là, j'ai l'impression d'être tout emmêlé dans mes propres vêtements comme quand on va trop vite.
Je crois que j'en ai trop perdu, trop en même temps ... je n'ai plus vraiment de repère, alors si je peux m'en faire un ou deux en attendant, je crois bien que ça pourrait m'aider à retrouver la sortie du chandail.
J'aime bien Conrad, on s'est adopté mutuellement je crois. Elle est incapable de me laisser, je crois, pourquoi ... là, je ne sais pas trop, un truc de fille peut-être. Moi aussi, je suis incapable de la laisser derrière, je suis peut-être petit, faible et tout perdu, mais au moins, je sais que je peux toujours être là pour elle. Ça fait du bien aussi de pouvoir se dire qu'on peut faire quelque chose pour quelqu'un. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je crois qu'elle aussi est un peu perdue, mais à sa manière à elle ... peut-être dans une robe. Être kidnappée, c'est quelque chose de sérieux, mais elle ne le prend pas mal. Suivre un enfant n'importe où qu'il aille, ça c'est plutôt courageux ou ... inconscient, mais j'aime bien son inconscience à elle. Retourner chez elle ne fait pas partie de ses plans ... oui, je crois sérieusement qu'elle aussi a besoin qu'on l'aide à trouver une sortie quitte à ce que soit elle qui la trouve. Ce n'est pas une vie, de rester déguisé en garçon, de cacher sa magie et d'être toujours sur ses gardes, elle mérite plutôt un joli champs de fleur ... je pense ... avec des enfants à s'occuper et une maison. La maison est toujours importante dans le champs de fleur pour les filles ... encore là, je crois, je en suis pas sûre, mais ce sont des trucs de fille alors, je n'ai pas vraiment demandé ce qu'elles voudraient.

Je pourrais peut-être demander à Lyra ce qu'elle voudrait dans sa vie, dans son avenir, mais je pense que la réponse serait tout sauf ce qu'elle vit maintenant. Elle aussi, c'est une fille qui a besoin de quelqu'un, pour la rassurer, pour la protéger. Moi, je suis déjà pris avec Conrad, ce n'est pas facile de toujours savoir quand la rassurer, mais bon, j'apprends.
J'espère que Lyra va trouver quelqu'un, pour l'instant, on dirait bien que Silver l'aide à passer au travers. Pauvre jeune fille, elle aussi à besoin de câlin et ... de me passer la main dans mes cheveux ... un autre truc de fille que je ne comprend pas, mais si ça peut les rassurer. J'espère vraiment qu'IL ne lui a rien fait, lui, ... le monstre plein de métal. On aura beau me dire qu'il est humain, qu'il n'est pas conscient de ses actes ou encore moins responsable, ça ne change rien pour moi.
Il les a tous tués et ça ... ça ... ça ne s'efface pas. Il peut bien rester tout seul là-bas, au moins, il est loin des filles et il ne peut pas leur faire mal. Lyra est revenu tout blanche la seconde fois, à elle aussi, il lui fait peur. Mais après ce qu'il a fait, comment agir autrement. Pauvre Lyra ... j'aurais dû garder mon lapin tout doux pour le lui donner. Ça lui aurait peut-être remonter le moral.

Il était bizarre ce lapin, arrivé de nulle part, il disparaît quand il veut et reviens la seconde d'après.
Bah !
Ce n'est pas grave, j'ai bien aimé flatter sa fourrure et puis, il est devenu très amical la seconde fois, comme s'il était amadoué. Je pourrais peut-être le dompter, comme ça, les filles aussi pourraient le flatter et ça remonterait un peu le moral de tous le monde.
Mais il est parti et je ne sais pas s'il va pouvoir venir me voir dans cet autre monde.
Allez ça y est ! Je ne peux pas me dérober, je suis un prophète, le dernier de ma famille et ma grand-mère m'a toujours dit de suivre mon instinct.
J'espère que tu me vois de là-haut grand-maman, je suis tes directives, ce que tu m'as enseigné ne va pas disparaître par un petit-fils ingrat. Je me montrerai à la hauteur et je serais un grand prophète comme toi.

Une lady ou rien ?

J'y suis peut-être aller for, mais dans l'état dans lequel je suis, je prend excuse de ce qui m'arrive.
Sa colère était normale, mais si c'était à refaire, je ferais la même chose, le même choix. Suis-je trop altruiste ? Non, je dirais plutôt folle, je le reconnais, dans cette situation, je ne regrette pas ma folie, enfin presque pas. La douleur était atroce et je ne veux plus revivre une telle expérience. J'avais peur, peur de mourir brûlée vive, peur de mourir seule, loin de chez moi.
Est-ce que quelqu'un aurait vraiment pleurer ma mort ?
 Bon, la vision précédente du petit corps de Stella partir en fumée augmentait un peu mes peurs. Mais au final, la question demeure.
Suis-je la seule à être affectée à ce point par la mort d'une petite fille ? Suis-je trop sensible par rapport à quelqu'un avec qui nous avons voyagé, qui était en bas âge et qui cherchait trop l'attention comme l'a si bien dit Joshua ?
Sa mort m'affecte beaucoup à cause de mon incapacité à la ramener à la vie. Découvrir un véritable pouvoir est grisant, mais la chute est difficile lorsqu'il nous fait défaut. La seule personne sur qui ile fonctionne, c'est Lloyd ... Lloyd, j'espère qu'il n'a pas trop mal pris mes paroles, mais je les considère nécessaires.

Il doit apprendre sa place et moi, me rappeler la mienne. Marier Lloyd, l'idée est farfelue, non pas qu'il ne mérite pas une femme un jour, mais bien parce que nous ne sommes pas compatibles et qu'il n'y a  aucune sentiments, un rapprochement tout au plus, car on peut comprendre un peu ce que l'autre vit. Néanmoins, j'aime autant un rapprochement dans l'adversité que dans la vie de tous les jours. Je doute que Lloyd puisse d'ailleurs offrir davantage à quelqu'un comme moi. Mais je me demande sérieusement pourquoi il n'a pas objecter les propos de Noctum concernant le mariage. Il est vrai que c'était indécent de rester dans ma chambre, tous les deux habillés de presque rien et lui qui refusait de me quitter, de même me lâcher comme si j'allais m'effondrer, ce que j'ai fait bien sûr, mais dans l'intimité. C'était gentil de sa part, mais c'était de trop. Lloyd ne possède aucun lien avec moi qui puisse excuser une telle intimité surtout lorsque l'excuse d'une situation d'urgence ne convient pas.

Mais pourquoi il ne s'est pas objecté à ce que disait Noctum ?
Il n'y pensait quand même pas sérieusement ... si ? Mais il n'est pas pour moi et honnêtement, je ne suis pas faite pour lui. Je l'imagine davantage s'intéresser à une jeune paysanne, un peu dans le style de Francesca. Donc, pourquoi ?
Je dois supposer que le fameux sens de l'honneur masculin y est pour quelque chose alors, ce n'est pas un intérêt, mais une obligation ... une obligation dont je refuse d'être l'objet. Il n'y a rien de pire je crois que d'être une tâche à essuyer sur l'orgueil mâle, je préfère encore qu'il y ait une raison même si elle est financière et non-sentimentale. De toute façon, je le lui ai signifier l'impossibilité d'une telle union. Il n'est ni un mage, ni même faible, ni un noble, il est peut-être un criminel et sans vraiment de manière. Il peut être rassuré sur son honneur, il ne m'a pas réellement porté préjudice et même si c'est un peu le cas, il n'a pas à s'enchaîner dans un mariage forcé, car il n'atteint même pas le statut de potentiel  époux. Il n'a rien à dire face à cela, moi non plus d'ailleurs, je ne dicte pas ma manière de faire, elle est celle de tous les mages noirs.
De toute façon, il n'a rien dit. Il ne semble pas soulagé, mais je peux supposer que la colère qu'il a maintenant concerne plutôt qu'il ne peut s'acquitter de son devoir. Il ne peut sauver ma réputation ... quelle réputation de toute manière, elle est en lambeau et ce bien avant la rencontre de quiconque dans ce groupe.

Je me demande presque si je n'aurais pas préféré qu'il me dise quelque chose ...

Un méchant solitaire

Je crois que je commence à m'habituer ... à être différent des autres ... non pas que je l'étais pas au début. Ma force, mon endurance, ma différence a toujours été là, présente dans ma vie. J'ai tenté de paraître normal, je voulais l'être de toute mon âme. Je me disais que c'était peut-être à cause de ma différence que j'ai été élevé à part.
En fait, ma différence quelle qu'elle soit, ne provient pas seulement de moi. La réclusion totale de mon enfance dont les limites n'étaient que ma nourrice et ma mère, m'a presque fait craindre la solitude. J'étais heureux chez les soldats, en fait, le changement me faisait du bien, mais maintenant ... me revoilà à la case départ ... ou presque.

Un soldat peut connaitre la solitude, en réalité, c'est la présence des autres, quels qu'ils soient, qui enlève ce sentiment. Entre soldats, entre amis, entre membres d'une famille, nous ne sommes pas seuls. Par contre, ne pas être comme les autres, ne pas être non plus tout à fait un soldat conventionnel, ça fait de nous quoi ?
Ma différence s'accentue tout comme mon sentiment de solitude, mais soudainement elle m'est moins étrangère que la compagnie des autres. Je suis plutôt seul, ce n'est pas mon vouloir, mais même si je pouvais redevenir un peu plus normal, je ne saurais pas davantage comment m'approcher des autres. Autant, j'étais parfaitement à l'aise avec le groupe au début, autant je suis à l'aise dans mon coin maintenant. Mais au juste, qu'est-ce que c'est "être normal" ?

Je conçois ma solitude aussi, j'arrive à vivre avec elle, mais je doute que tous le monde puisse y arriver ... de son plein gré, involontairement, par la force des choses ou à cause d'une contrainte. Je préfère encore voir les autres développer des liens, qu'ils puissent s'accrocher les uns aux autres ou au moins à une personne. Renvoyer Lyra vers Flinch n'a pas été difficile, ce gamin en a de besoin, surtout maintenant, surtout ici, avec le groupe, avec moi dans les parages.

J'ai commis des atrocités dont je me souviens, suis-je un meurtrier ? Être obligé d'obéir ne m'empêche pas d'agir en pleine conscience de mes actes. Ces morts sont sur ma conscience et je préfère encore que ce soit le cas, parce que je peux justement leur accorder une apparence, une valeur que ceux qui ont les mains blanches ne peuvent leur accorder. Effrayer une jeune fille est facile, mais je me demande de qui, elle devrait avoir peur, de celui qui obéit, une marionnette qui exécute les idées des autres ou de celui qui est derrière, celui qui est quand même conscient de ce qu'il a fait et qui sait ce qu'il peut faire désormais. Est-ce que les autres peuvent avoir peur de moi .. sont-ils seulement conscients de ma présence, non pas en tant que boulet, outil, victime, meurtrier ou soldat, mais en tant que moi.

Qui me connaît vraiment mis à part elle ? Qui me voit réellement ? J'obéis en réalité à deux étrangers. Un fille qui possède de bonnes valeurs de vie et qui est habitée de bonnes intentions, mais à quand remonte la dernière fois que nous nous sommes parlés. Un homme, un capitaine qui agit comme un noble sans en être un, qui au contraire vient parfois me parler. Cependant, les fois où il vient me voir, je ne suis pas toujours là. Il me tient au courant de ce qui se passe, mais est-ce vraiment important dans mon cas ? Je suis spectateur de ma propre vie, alors pourquoi me dire les choix des acteurs ? D'autant plus qu'il vient me voir souvent au moment où je mis attends le moins, lorsque je commence à croire qu'il m'a oublié et tout ça pour me dire quoi, pour parler de quoi exactement.
Mieux vaut que j'obéisse à quelqu'un plutôt qu'à personne, ils ne sont pas méchants tous les deux, ils peuvent me commander des ordres différents pour des raisons différentes. Alors, mieux vaut que je continue, qu'ai-je à perdre ? Qu'ai-je à gagner de tout ça ?