Je crois que je commence à m'habituer ... à être différent des autres ... non pas que je l'étais pas au début. Ma force, mon endurance, ma différence a toujours été là, présente dans ma vie. J'ai tenté de paraître normal, je voulais l'être de toute mon âme. Je me disais que c'était peut-être à cause de ma différence que j'ai été élevé à part.
En fait, ma différence quelle qu'elle soit, ne provient pas seulement de moi. La réclusion totale de mon enfance dont les limites n'étaient que ma nourrice et ma mère, m'a presque fait craindre la solitude. J'étais heureux chez les soldats, en fait, le changement me faisait du bien, mais maintenant ... me revoilà à la case départ ... ou presque.
Un soldat peut connaitre la solitude, en réalité, c'est la présence des autres, quels qu'ils soient, qui enlève ce sentiment. Entre soldats, entre amis, entre membres d'une famille, nous ne sommes pas seuls. Par contre, ne pas être comme les autres, ne pas être non plus tout à fait un soldat conventionnel, ça fait de nous quoi ?
Ma différence s'accentue tout comme mon sentiment de solitude, mais soudainement elle m'est moins étrangère que la compagnie des autres. Je suis plutôt seul, ce n'est pas mon vouloir, mais même si je pouvais redevenir un peu plus normal, je ne saurais pas davantage comment m'approcher des autres. Autant, j'étais parfaitement à l'aise avec le groupe au début, autant je suis à l'aise dans mon coin maintenant. Mais au juste, qu'est-ce que c'est "être normal" ?
Je conçois ma solitude aussi, j'arrive à vivre avec elle, mais je doute que tous le monde puisse y arriver ... de son plein gré, involontairement, par la force des choses ou à cause d'une contrainte. Je préfère encore voir les autres développer des liens, qu'ils puissent s'accrocher les uns aux autres ou au moins à une personne. Renvoyer Lyra vers Flinch n'a pas été difficile, ce gamin en a de besoin, surtout maintenant, surtout ici, avec le groupe, avec moi dans les parages.
J'ai commis des atrocités dont je me souviens, suis-je un meurtrier ? Être obligé d'obéir ne m'empêche pas d'agir en pleine conscience de mes actes. Ces morts sont sur ma conscience et je préfère encore que ce soit le cas, parce que je peux justement leur accorder une apparence, une valeur que ceux qui ont les mains blanches ne peuvent leur accorder. Effrayer une jeune fille est facile, mais je me demande de qui, elle devrait avoir peur, de celui qui obéit, une marionnette qui exécute les idées des autres ou de celui qui est derrière, celui qui est quand même conscient de ce qu'il a fait et qui sait ce qu'il peut faire désormais. Est-ce que les autres peuvent avoir peur de moi .. sont-ils seulement conscients de ma présence, non pas en tant que boulet, outil, victime, meurtrier ou soldat, mais en tant que moi.
Qui me connaît vraiment mis à part elle ? Qui me voit réellement ? J'obéis en réalité à deux étrangers. Un fille qui possède de bonnes valeurs de vie et qui est habitée de bonnes intentions, mais à quand remonte la dernière fois que nous nous sommes parlés. Un homme, un capitaine qui agit comme un noble sans en être un, qui au contraire vient parfois me parler. Cependant, les fois où il vient me voir, je ne suis pas toujours là. Il me tient au courant de ce qui se passe, mais est-ce vraiment important dans mon cas ? Je suis spectateur de ma propre vie, alors pourquoi me dire les choix des acteurs ? D'autant plus qu'il vient me voir souvent au moment où je mis attends le moins, lorsque je commence à croire qu'il m'a oublié et tout ça pour me dire quoi, pour parler de quoi exactement.
Mieux vaut que j'obéisse à quelqu'un plutôt qu'à personne, ils ne sont pas méchants tous les deux, ils peuvent me commander des ordres différents pour des raisons différentes. Alors, mieux vaut que je continue, qu'ai-je à perdre ? Qu'ai-je à gagner de tout ça ?
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