jeudi 15 mai 2008

Un moment préçis de la bataille

Une question, une seule petite question et un choix simple, oui ou non, est-ce si compliqué que ça ? Il me semble que non ... et pourtant la réponse qu'on m'a sorti était : heuuu ... oui, mais ... Comment ça se fait qu'il y ait un mais ?? J'ai demandé à Cain s'il me faisait confiance après que je lui ai dit que je tentais de sauver sa blonde. Je sais que la situation était contre moi, même si le déclenchement de cette situation ce n'est pas moi qui l'ai amené. Mais un peu de confiance là dedans aurait été le bienvenu. Je n'ai jamais vraiment aimé Primrose et je l'admets, mais je ne lui ai jamais sauté dessus ni attaqué ni quoi que ce soit d'autre. Alors pourquoi ce manque de confiance maintenant !!? Cain ne comprenais pas la situation, c'est tout à fait possible parce qu'il voit sa petite amie et une autre fille qui dit l'aimer se battre sur un champs de bataille, mais tout de même ... J'ai toujours été heureuse qu'ils soient ensemble, je voulais qu'ils sortent ensemble. C'est bizarre, mais l'impression d'être le vilain petit canard qui attaque méchamment le joli petit lapin blanc et que c'est sur moi que la faute retombe.

La réponse était tellement hésitante, que je me suis sentie triste pendant un moment, mais ça fait rien, celle-là je m'y attendais un peu.

vendredi 9 mai 2008

Un bout du passé de Gwen que j'ai toujours eu envie d'afficher

The Nightmare

Je me réveille, je suis dans mon lit, dans le dortoir de l’orphelinat. Je ne sais pas trop comment je me suis retrouvée là, peut-être que je suis montée directement après le repas que m’avait fait Matt. Je me lève, je suis déjà toute habillée et je me rends vers le couloir. À peine j’ai eu le temps de déposer un pied sur les lattes froides du plancher que je m’arrête en sursaut, il manque la moitié du couloir, on dirait un trou béant. Je m’approche un peu du trou et je ressens un courant d’air glacial me transpercer les os. Il n’y a rien, ni le reste du couloir ni les murs ni même le toit. On ne voit pas non plus le premier étage, c’est comme si on avait mis de la peinture noire partout, mais je n’arrive pas à distinguer le plancher des murs et encore moins du plafond. Je me retourne et je descends les marches qui mènent au rez-de-chaussée. J’appelle pour savoir s’il y a quelqu’un, mais je n’entends rien du tout. Je marche un peu dans les dédales de murs de l’orphelinat. C’est étrange, je n’arrive pas à me retrouver, pourtant je connais cette bâtisse par cœur. Soudain, j’entends un murmure dans mon dos, on dirait quelqu’un qui tente de parler, mais a de la difficulté à prendre son souffle. Je m’approche du bruit. J’entends quelqu’un appeler, quelqu’un qui m’appelle, moi, qui prononce mon nom. Je suis arrivée à l’endroit où je crois qu’on m’appelle, mais je ne vois personne, juste les longs murs blancs.

« Gwen ! »
« AHHH!! »
Je sursaute, la voix provient d’un coin de mur, mais c’est impossible, la voix on dirait celle de …
« Gwen, où est-tu, ma petite ? »
« Berthe !? »
Je n’ose prononcer ce nom trop fort de peur qu’il s’évapore et je m’approche avec angoisse vers l’intersection. Je tourne le coin, mais encore là, il n’y a personne, est-ce que mon imagination me jouerait des tours ?
« Gwen, enfin, ma petite Gwen ! »
La voix provient de derrière moi, il n’y avait personne pourtant. Je me retourne encore avec l’impression de tourner en rond. Mais, elle est là.
« Berthe! »
Je suis si contente de la revoir, je l’étudie en détail pour m’assurer qu’elle n’est pas une de ces illusions dérisoires. Mais non, par contre, elle se tient d’une drôle de manière, accotée contre le mur, on dirait que celui-ci la supporte plus que ses jambes. Elle se tient la tête penchée par en avant comme si elle se cachait.
« Berthe est-ce que ça va ? »
« Gwen, enfin … »
Elle lève un bras et c’est là que je me rends compte de l’ange inhabituel de son coude, elle soulève son avant bras, la paume tendue, mais son bras ne suis pas le mouvement et reste collé contre son corps. On ne peut pas tourner son bras de cette manière, c’est impossible, c’est … inhumain. Je recule de quelque pas. Tandis qu’elle continue à tendre son bras. D’un seul coup, elle tombe sur le plancher en un grand bruit.
« Berthe est-ce que ça va ? »
Je ne sais plus trop quoi penser, je ne peux pas bouger, elle lève encore son bras en une supplication mimique.
« Gwen !! »

Je n’en peux plus, je recule sans lâcher le corps de mon ancienne professeure des yeux. Son bras reste suspendu dans les airs quelques secondes et s’abat violemment sur le sol. Sous le coup, je sursaute et je commence à reculer un peu plus vite. C’est là je crois que j’ai perdu la tête, je me suis retournée, je ne pouvais plus supporter ce spectacle de mauvais goût. Ma professeure était morte et ça, je le savais. Pendant que je m’éloignais, une idée me traversa l’esprit et si c’était un mauvais coup de Matt encore. Un bruissement, me fit tourner la tête par derrière. Elle me suivait. Elle lançait ses bras et ses jambes désarticulés vers l’avant et traînait son corps en le glissant vers l’avant. Sa tête pendait de côté, nullement soutenue par son cou, un filet de sang coulait le long de sa tempe et elle ne me quittait pas de ses yeux révulsés. Paniquée, je me suis mise à courir dans le couloir, m’accrochant aux murs pour accélérer, mais je l’entends toujours. Un simple regard par derrière suffisait pour augmenter mon état de panique. Elle glissait dans tous les sens, envoyant ses membres dans tous les angles possibles et il y en avait beaucoup. Elle accélérait et moi je commençais à me demander jusqu’où elle allait me suivre. À un tournant, je me suis retrouvée face à un de trou noir, je fis glisser mes pieds vers l’avant pour m’arrêter. Un coup par derrière, des membres froids, noueux qui s’accrochent et qui déchirent les vêtements et la peau, une tête maintenant sans support s’appuie dans mon cou et je sens un liquide chaud descendre le long de ma joue, puis c’est le noir, je suis tombée.
« Gwen … ma …»

Je roule en boule dans un tunnel et puis je m’arrête. Le front contre la terre, je tente de reprendre mon souffle. La fraicheur du terreau me fais du bien, je tourne vivement la tête, mais je suis seule, Berthe ou du moins ce qui lui ressemblait est partie. Je m’assis et je commence à réfléchir, où est-ce que je suis maintenant. Je lève la tête, mais il n’y a rien, juste de la terre. Le tunnel continue devant moi et derrière, je ne sais pas quel chemin prendre. Soudain j’entends des bruits aigus qui proviennent de la noirceur devant moi. Je me lève, je ne dois pas paniquer. J’arrive à distinguer un peu des mouvements dans le noir, des milliers de petits mouvements. Qui se dirige vers moi. Cette fois-ci, je ne prends pas de chance, je me mets à courir dans l’autre sans plus attendre. Le bruit se rapproche, mais je n’ose pas tourner la tête. Tout à coup, je sens quelque chose me déchirer le talon et une autre morsure dans la jambe gauche. Mes jambes sont littéralement attaquées, je trébuche et je m’étale de tout mon long.

Vite, je protège ma tête avec mes bras parce que à peine ai-je eu le temps de toucher le sol qu’une montagne de petite morsure on commencé à me dévorer vivante. Je sens de minuscule dents arracher ma peau, me grignoter les doigts, mordre mes oreilles, mais je ne peux plus bouger à cause du poids qui est à présent sur mos. Un poids qui bouge sans cesse, cherchant toujours tous les angles possibles pour avoir un morceau de mon corps. Je sens quelque chose glisser le long de ma joue à côté de mes larmes, du poil dru et des petites griffes se plantent dans la chair de ma joue. Des rats, d’accord là, je panique complètement, je me mets à bouger dans tous les sens. Je ne veux plus les sentir sur moi. Je tente désespérément de m’échapper même si je sais que c’est impossible. Je lève un peu la tête et je vois une dizaine de rats se jeter sur ma figure, toutes dents et griffes sorties. Je me mets à hurler d’épouvante.

Tout est noir à nouveau, je ne vois rien. Je suis seule, il n’y a plus de ces sales bestioles. Je me relève doucement et j’avance un peu. Mon nez cogne contre un mur de terre, je le suis de ma main, un tournant, un autre et encore un autre. J’ai l’impression de tourner en rond, j’étends mes deux bras de toutes leurs longueurs et je peux sentir les murs de terre qui m’enferment. Il n’y a donc aucune sortie, je tâtonne un peu le plafond. Je me rends à l’évidence, il n’y a pas d’issue. Je retourne m’asseoir par terre, au moins ici, il n’y a pas de rat.
Le temps passe, je commence à manquer d’air, je commence à chercher plus frénétiquement une sortie. L’air est vicié et je commence à m’étouffer, la panique recommencent à envahir mon corps, je commence à creuser avec mes ongles la terre dure. Je veux sortir, je commence à manquer d’air, j’étouffe. L’odeur de la terre m’enserre comme un étau. Je ne veux pas mourir ici, je creuse désespérément le terreau dans le noir au point de casser mes ongles et d’avoir les doigts en sang. Elle est trop dure, je n’y arrive pas. Je ne sais plus quoi faire, la tête tourne, je veux de l’air, mais il n’y en a plus. Je m’effondre sur le sol, ma poitrine me brûle, je râle et tente de reprendre mon souffle. Je hoquète un peu de sang et mon corps tremble. La bouche grande ouverte, la gorge en feu et les poumons sur le point d’exploser, mon cerveau m’élance.

Puis je sens quelque chose de mouillé m’entourer. Les yeux ouverts, je vois que la grotte n’est plus là, je suis entourée d’eau, toujours en manque d’air, mais j’essaye au moins d’atteindre la surface. L’eau glacée me réveille un peu, je la vois, elle n’est plus loin. Mon esprit s’embrume, je ne dois pas arrêter, j’y suis presque. La main au dessus de ma tête, mes doigts proche de transpercer la surface de l’eau se butent soudain à quelque chose de dur. Je remonte mon deuxième bras et je tâtonne la glace qui me retient prisonnière de son milieu aquatique. Je n’en peux plus, j’avale de l’eau et celle-ci ne fait qu’attiser la brûlure qui me traverse le corps tout entier. Les restants d’air que je tentais de contenir partent en de fines bulles. Je commence à sombrer, le regard levé, je n’ai eu le temps d’apercevoir une petite silhouette marcher sur la glace, se pencher et me regarder en souriant.
« Tu veux jouer avec moi ? »

Matt continue de flatter mes cheveux d’une main attendrissante et chante tout doucement, son sourire habituel qui flotte sur le bas de son visage.
« Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n’y est pas, s’il y était, il nous mangerais… »

Je marche en me tenant les côtes, la tête penchée vers l’avant, le long d’un sentier bordé de buisson épineux. Devant, il continue indéfiniment et par derrière, il semble sans fin. Je ne sais plus combien de temps, je continue à avancer sans arrêter. Je me suis réveillée d’un coup, suffocant et crachant de l’eau sur la terre. J’étais déjà sur ce chemin lors de mon réveil, au beau milieu de nulle part. Mon corps tremble encore un peu et j’ai de la difficulté à avancer, sans que je trébuche sur les arêtes pointues des pierres qui constituent la route continuellement. Je ne comprends rien, comment je suis arrivée ici et pourquoi ? La douleur parcourt ma peau marquée par les milliers de morsures qui l’ont déchiquetée un peu plus tôt. Le peu de souffle du vent me transperce les os de froid, mes vêtements ne protège plus grand-chose. Ils ne sont plus que des loques maintenant. Parfois j’ose remonter la tête et regarder le chemin droit qui me devance toujours. Il n’a donc pas de fin. Je trébuche encore, je reste là, épuisée, face contre terre. Lorsque je tente de me relever péniblement, je sens ma jambe tirée vers l’arrière. Je ne veux pas regarder, je continue de fixer le sol, mais lorsque je me sens soulevée, je n’ai d’autre choix que de suivre le mouvement.

Des branches épineuses sortent des buissons m’entourant et s’agrippe fermement à mes jambes, mes bras, ma poitrine, mon cou. Elles me soulèvent, puis je me rends compte qu’elles sont de métal. Elles se mettent à glisser le long de mon corps fatigué, leurs épines laissant de longs sillons sur leurs passages. De longues plaies béantes se forment en des lignes continues sur mes cuisses, mes mollets, mes pieds ne ressemblent plus à rien. Mes doigts non plus d’ailleurs, écrasé impitoyablement, je sais que je dois plus ressembler à grand-chose maintenant, mais je m’en fous. La souffrance m’envoie un signal constant à mon cerveau et ce dernier ne peut que commander à ma voix de hurler de douleur. Les épines déchirent mes muscles, raclent contre mes os et les brise, je n’en peux plus, j’ai vraiment trop mal. Sur le coup, la douleur me tient réveillée, mais là, je sens mon esprit partir, puis tout s’arrête. Les branches me tiennent encore, les épines ont disparues, laissant mes blessures déformer mon corps ainsi que la douleur qui m’endort étrangement. Parmi le brouillard qui semble se déposer devant mes yeux, je remarque que quelqu’un se tient devant moi. Je fais un effort pour chasser la brume qui embrouille ma tête.
« Tu veux jouer avec moi maintenant. »

Une petite fille se tient à mes pieds, habillée d’une robe blanche, ses cheveux blonds cachent le haut de sa figure. Je ne vois que ces lèvres, mais elles ne bougent pas lorsque j’entends la voix enfantine vriller à mes tympans.
« Ce n’est pas juste que tu t’amuse toute seule. Laisse-moi jouer avec toi. »
Les branches me déposent à ses pieds, mais mes jambes n’arrivent plus à supporter mon poids, elles ne peuvent que rester pliées sous moi, je n’arrive même plus à les faire bouger. Je n’arrive plus à faire bouger quoi que soit, à présent. La petite fille me tient la tête dans sa main et me regarde. Enfin, c’est ce que je crois parce que je ne peux pas voir ses yeux.
« Tu veux jouer avec moi, n’est-ce pas ? Je le savais, tu vas voir on va bien s’amuser. »
Son sourire ressemble à celui de Matt, mais qu’est-ce que je raconte, la douleur est en train de me monter au cerveau et de me rendre folle. Je ferme les yeux, je suis tellement fatiguée

« Il est temps de se réveiller, il est temps de jouer! »
J’ouvre les yeux d’un coup sec et je tente de tourner la tête. Je ne peux rien faire, je sens toujours mon corps, mais je n’arrive plus à le bouger. Il ne m’obéit plus, je ne peux que bouger mes yeux dans leur orbite. Je suis assise devant une table décorée d’une jolie nappe blanche et de plusieurs tasses de thé. La petite fille se promène autour de moi, je la sens. Je peux voir des poupées assises sagement sur les autres chaises, le regard vide.
« Tiens, ton thé, j’espère que tu l’aime doux. »
Un rire part dans mon dos, un rire joyeux, celui d’une enfant qui semblait s’amuser beaucoup.
« Allez, prends ton thé, ah, je sais, ça va être plus facile de cette manière! »
Je sens mon corps vibrer, puis j’essaye de mouvoir ma main, juste pour voir. Je suis capable de faire des mouvements à nouveau. Je me lève et je me tourne vers le rire, mais il n’y a plus personne. Je regarde ma main, elle était en lambeau il y a un instant, comment est-ce possible et puis… Qu’est-ce que … Je détaille longuement ma main, des fils semblent rattacher la chair qui elle-même semble différente. Je lève mon autre main pour toucher la texture, mais celle-ci aussi est bizarre. Je touche mon visage avec précipitation, j’arrive à peine à le sentir tellement ma peau est dure. Je regarde les poupées devant moi, leurs yeux se meuvent avec rapidité, avec affolement, comme si elles étaient vivantes.

« Tu as dit que tu voulais jouer avec moi, donc viens donc t’amuser un peu, ma nouvelle petite poupée. »
L’horreur me prends, je ne suis pas une poupée, non !!
Mon cœur s’affole, je me mets à courir le plus loin possible de la scène, mais je me rends compte bien vite que je fais du surplace, mes pieds ne touchent plus le sol.
« Ce n’est pas gentil de vouloir t’éloigner de moi! »
Je suis retenue par des fils, des millions de fils métalliques. Ils me serrent délicatement, peut-être que je ne vais pas me faire déchiquetée ? Je voudrais tant pleurer, mais mes yeux de porcelaine ne me le permettent pas.
« Tu voulais jouer toi aussi non ? Alors joue ! »

Je redescends vers le sol, mais celui-ci me semble soudainement très lointain. Lorsque le bout de mes orteils arrive enfin à le toucher, ma chute s’arrête et je reste là entre ciel et terre. Autour de moi, il y a les murs de mon orphelinat, je suis dans la cour. Mes doigts commencent à suivre un rythme que je ne contrôle pas. Ils tirent, relâchent et font balancer les fils qui sont enroulés autour d’eux. Comme si je bougeais les fils d’une marionnette sans la voir et tout en étant moi-même prise dans ces fils. Je sens quelque mouiller ma joue, puis ma lèvre, mon front comme s’il pleuvait. Je regarde ce qui tombe sur mes mains et sur l’étrange robe dont on m’a habillée. Rouge… comment une pluie peut-elle être rouge ? Je lève la tête et je le regrette aussitôt. Ils sont tous là. Les professeures, les surveillantes, les pensionnaires, même la directrice est présente, toutes ont la bouche ouverte, mais aucun son n’en sort. J’en vois qui se tortille sous les fils, mais elles ne font que s’emmêler davantage. La panique se prolifère dans leurs yeux, certaines ne savent plus quoi faire et se mettent à pleurer. D’autre lance des cris silencieux, des appels à l’aide que je n’arrive pas à entendre.

« Alors, tu t’amuse bien ? »
Elle est là, à côté de moi, son sourire éclaire son visage à demi camouflé sous ses longs cheveux blonds.
« C’est ce que tu voulais, non ? »
Ce que je voulais ? Je ne veux rien et sûrement pas manipuler des fils de métal qui retiennent prisonniers toutes les personnes de mon orphelinat.
« Mais oui, c’est ce que tu veux. Tu voulais punir ceux qui t’on fait du mal, eh bien ! Amuse-toi !! »
Quoi, mais je ne veux punir personnes, la pluie s’est intensifiée, je regarde trop tard les fils serrer les corps gigotant qu’ils enferment.
NON !! Je sens encore mes doigts faire les mouvements comme si ils étaient mus par une force, une volonté qui ne m’était pas propre. C’est vrai que je voulais leurs faire du mal, autant qu’ils m’en ont fait, mais pas comme ça. Surtout pas comme ça !! La pluie est devenue une averse qui me trempe complètement. Les fils de métal émettent une dernière contorsion, puis la pluie de sang devient une pluie de morceau de chair humaine. La robe imbibée commence à devenir lourde, mes pieds touchent enfin le sol, mais je ne m’en rends pas compte. Mon attention est dirigée vers le ciel où se produit le massacre. Fascinée, je n’arrive pas à détacher mes yeux de ce que j’ai fait. Ce que j’ai fait, non, ce n’est pas moi. Je n’ai pas fait cela, ce sont mes doigts qui dirigent les fils, ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi !!!
« Mais tu aimerais bien, non ? Que ce soit toi ? »

Je suis sonnée, ce n’est pas ce que je voulais, est-ce que je le voulais d’ailleurs ? Non, ce n’est pas moi, c’est la petite fille qui a fait ça.
« Ce n’est pas bien de rejeter la faute sur les autres comme ça ! »
Le noir, il m’entoure encore, j’arrive à sentir les fils qui me soutiennent encore puisque je ne vois plus le sol.
« Méchante poupée, je ne veux plus jouer avec toi ! »
Et ils me lâchent, je tombe dans la noirceur. Puis le bruit de quelque chose de cassé, je regarde autour de moi, je suis à nouveau dans la cour, des cadavres baignant dans leur sang m’entourent. Moi-même je flotte dans une mare de ce liquide rougeâtre. C’est étrange je ne vois que d’un seul œil. Je cherche à me relever, mais je ne sens plus mon corps. Soudain une douleur fuse dans mon crâne. Je cherche avec désespoir à savoir où je suis et le choc. Je me vois, je vois mon autre œil rattaché à un morceau de porcelaine me lancer des regards tout aussi futiles. Comment est-ce possible ? Une douleur me défonce la tête, comme si on m’écrasait jusqu’au point que je me retrouve en milles miettes. Des pas se rapproche, en même tant qu’un petit bruit de verre cassé.

« Méchante, méchante poupée. »
À chaque fois que le bruit se renouvelle, une douleur semble exploser dans mon cerveau. Je la vois piler sur quelque chose, qu’est-ce que ? C’est un morceau de porcelaine, c’est un morceau de mon coude ?? Comment … Ma tête va éclater, elle vient de sauter à pieds joint sur le morceau, puis elle s’approche.
« Moi, je m’amuse bien pourtant, pourquoi est-ce que toi, tu ne t’amuse pas ? Elles ont eu ce qu’elles méritaient puisque c’est toi qui voulais se venger. Et puis, toi aussi tu as eu ce que tu méritais, puisque je me suis vengé. »
Elle s’approche en marchant délibérément sur tous les morceaux, aussi petits soient-ils. Elle penche la main et ramasse la partie de mon visage où il y a encore un œil.
« Oui, Gwen, maintenant je me venge de l’abandon dont j’ai souffert par ta faute. »
Sous les cheveux, des yeux verts me fixent, des yeux durs, de porcelaine. Vya ??
Elle soulève le morceau, de sa gorge se soulève un rire de joie et elle lance de toutes ses forces le morceau de porcelaine par terre. La douleur engendrée me fit perdre connaissance. Je n’existais plus, je n’étais plus que des miettes qu’une fillette s’amusait à détruire sous ses talons. Je ne voulais pas t’abandonner Vya et tu le sais, du moins je croyais que tu le savais.

Je me réveille à nouveau, entourée de vide, mes pieds touchent un plancher que je n’arrive pas à distinguer. Je regarde partout autour de moi, je touche mon visage, mes mains, mes bras, je suis encore une poupée, mais une poupée fêlée, comme si on m’avait recollée un peu maladroitement. Chaque fissure qui me parcours de la tête aux pieds, me font horriblement mal, donc j’essaie de ne pas trop bouger. Devant moi, défile des décors que j’ai déjà vus. Des salles de bal, des chambres d’invité, des maisons jusqu’à un souterrain que je reconnaîtrais entre milles. C’est là que ma mère a changé, c’est ici que … Un rire fou traverse les couloirs de pierre et m’atteints de plein fouet. C’est celui que ma mère a lancé le jour où elle a perdu la tête, je me rappelle, même si je préférerais de pas m’en souvenir. J’avance lentement, chaque mouvement m’élance jusqu’à mes os. Une lueur sort d’une pièce, je m’approche en prenant mon temps. Qu’est-ce qui va m’arriver encore, j’en ai assez. Je veux m’en aller, je ne veux plus rien savoir, je ne veux plus rien, mais mes jambes continuent à marcher attirées comme un aimant vers la seule place que je ne veux pas me rendre. Je ferme les yeux, je ne veux pas voir ce qui va arriver cette fois-ci, j’ai mal, j’ai peur, je suis terrorisée et tellement fatiguée par tous ce qui m’arrive.

« Gwen ? »
Malgré moi, mon regard se pose sur une silhouette que je n’avais pas vue depuis longtemps. Ma mère est là, devant moi, les bras tendus, son regard bienveillant me redonne confiance. Elle est là, plus rien ne va m’arriver à présent, elle va me protéger. Elle s’avance, me prend des bras et je m’appuie en la serrant le plus fort que je peux. J’essaye de ne plus ressentir la douleur. Maman, désolée d’arriver dans cet état-là, mais …
« Quel état, Gwen, tu es très bien comme ça ! »
Je tourne les yeux vers ma main, elle est bien normale, humaine. Je ne ressens plus mes blessures, je me sens si bien contre ma mère. Je ne veux plus bouger, rester là pour l’éternité, ça serait bien.
« Gwen, ma Gwen. »
La douleur me transperce de part en part, je sens les lames froides enfoncées dans mon dos. Je crache du sang et je le sens qui s’écoule le long de ma colonne vertébrale, j’ai le souffle coupé. Maman ?? Je ne peux plus bouger, pourquoi maman ? Pourquoi tu …

« Pourquoi Gwen, pourquoi ?? »
Quoi ? Je sens des objets durs sous mes doigts, je referme mes mains pour sentir pleinement les lames de métal que je tiens. Non, je ne peux pas avoir fait ça, je ne peux pas. Les lames transperce le dos de ma mère et ressortent dans le mien tellement je les ai enfoncées profondément.
« À moins que tu n’ai voulu les poussées aussi loin, tu voulais rester avec elle, tu le peux ainsi. »
Vya se tient derrière ma maman, un sourire figé, elle me regarde droit dans les yeux. L’éclat froid des pierres qui lui servent pour voir me font tout aussi mal que celle des lames. Ma mère s’affaisse tout doucement sur moi. Non !! Je n’arrive pas à voir son visage, mais je ne sens plus le rythme cardiaque qui me calmait une minute auparavant. Maman ?? Maman !!!!!!!!!
« Elle t’avais abandonnée de toute manière. »
Elle est morte, c’est pour ça qu’elle m’a abandonnée.
« Elle peut bien t’avoir abandonnée, puisque tu l’as tuée. »
Non je n’ai pas fait cela, tout, mais pas ça !!
« Sinon, si elle n’est pas morte, elle t’a abandonnée de son plein gré d’abord. »
Elle ne peut pas être vivante sinon elle ne m’aurait pas oubliée.
« C’est vrai, donc elle est morte et tu l’as tué ! »
Je n’arrive plus à penser, je ne l’ai pas tuée, mais elle ne peut pas m’avoir oubliée à l’orphelinat non plus. Elle ne peut pas, pas vrai, elle ne peut pas.

C’est à ce moment que le peu de raisonnement qui me restait a disparu et que je me suis perdue dans ce dédale créé de mes propres cauchemars.

jeudi 1 mai 2008

3 petites comptines

La comptine originale

Promenons-nous dans le bois
Pendant que loup n'y est pas
Si le loup y était
Il nous mangerait

Loup y es-tu ?
Es-tu là ?

La comptine de Gwen

Promenons-nous dans le temple
Pendant que le fou n'y est pas
Si le fou y était
Il nous sauterait

Le fou est là !
Non, je ne veux pas !

La comptine ... inventée

Promenons-nous dans le bois
En espérant que le loup est là
Si le loup y était
Je le mangerais

Loup viens-tu ?
Ou ne viendras-tu pas ?