De sombres pensées

Il n'y a rien à dire, réellement rien à dire ou presque.
Une soirée comme celle que j'ai vu, que j'ai connu, que j'ai subi autrefois.
Les regards, les murmures, les voix trop fortes des douairières qui se pensent discrètes.
Les rumeurs, les présomptions à mon sujet, les insinuations, comment je vais réagir, comment, je vais agir, comment je vais parler, comment je vais marcher, comment ci, comment ça.
Une suite inintérompu de visage, de parole vide, le tout enrobé d'une musique qui n'a plus vraiment de sens pour moi tellement je l'ai entendu. Une musique qui signifie des soupirs déçus, des demoiselles qui croient savoir ce qu'elles veulent, qui savent ce que veulent leurs parents, leurs familles, les envies, les besoins, les désirs de tous ces gens enfermés dans une boîte, car oui, j'appelle bien cette salle de bal ainsi. Une boîte où rien n'est vraiment vrai, où tout ce qui doit être doit seulement paraître bien, beau, parfait. Des gens ensevelis sous des couches de mensonge, de vie gâchée, d'avenir improbable.

Je préfèrerais encore être sur le champs de bataille avec une victoire incertaine, les cris d'hommes qui se battent, la violence des combats, tout plutôt que d'être ici. Ils me semblent morts sans vraiment l'être, se rendent-ils compte à quel point, leur vie semblent tellement inutile. Exister pour bien paraître, bien paraître pour exister aux yeux des autres. Un cercle sans fondement, du moins pour, seulement pour moi, car j'ai l'impression que je suis le seul qui pense ainsi, du moins, dans l'est de cet Empire. C'est vrai, c'est moi le loufoque, l'excentrique, la personne la plus louche de toute cette assemblée.
Au moins, je suis accompagné, par une personne qui me semble, à mon jugement seul, un peu étrange aussi. Je ne pense pas qu'un jour je puisse me dire que je la comprendrais complètement, mais honnêtement, est-ce que j'en ai envie ? Étrangement, pas particulièrement, j'apprécie beaucoup le temps que je passe à essayer de la comprendre, autant que j'aime ses mimiques.

Elle semble vivante au moins, ces petits bruits, son air fâché, puis désolé presque aussitôt. Je trouve charmant son embarras, ses paroles à moité formulée, je peux voir, parfois, car je ne la suis pas toujours dans toutes ses pensées, le moment où elle me regarde avec un air réprobateur.
Je crois bien que le seul moment et probablement le seul visage dont je me rappelle vraiment de toute cette soirée est le sien. C'est peu dire à quel point, ce genre de soirée me passe par dessus la tête.

En sommes, elle est charmante et sa volontéà vouloir bien faire est un baume dans un monde qui me semble tourné uniquement sur lui-même. Elle ne sait pas à quel point, elle est originale, en fait, si je crois qu'elle le croit, mais sûrement pas dans les mêmes termes que moi et il est improbable qu'un jour, elle puisse vraiment se considéré comme charmante à moins qu'une personne ne le lui rentre profondément dans la tête. Une tâche presque impossible, mais cela me plaît d'au moins essayer.

Mes pensées ont beau prendre un tour un peu plus lumineux avec elle, je suis quand même conscient de l'endroit où nous sommes et surtout des personnes qui l'habitent.
Aurais-je dû lui parler de Mélodie, elle l'aurait appris de toute manière et je ne pense pas particulièrement que cela l'affecte.
Aurais-je dû lui parler de mon père, à le regarder, elle pourrait très bien comprendre par elle-même, non ? Je commence à avoir certain doute, elle ne pourrais pas commencer à voir vraiment un peu de bonne chose en lui, avec sa naïveté légendaire, n'est-ce pas ? Une naïveté qui la décrit pourtant assez bien et qui m'aide bien parfois, surtout lorsqu'il s'agit de faire des choses dans son dos. Je refuse de la faire inquiéter pour moi, après tout, ce n'est qu'un petit duel entre Danwheir et moi. J'espère simplement que Thomas n'a pas eu l'inconscience d'esprit d'accepter un autre duel. Je ne sais pas ce que je ferais, je refuse de voir un innocent mourir, ... de voir un inconscient totalement dépourvu de bon sens se faire écorcher vif par un homme qui ne cherche qu'à me blesser.

Je ne sais pas ce qui arrivera par la suite, mis à part une sanglante défaite, mais je ne dois pas oublier que je vais devoir cacher un peu les blessures pour paraître à mon meilleur devant l'Empereur et aussi devant elle. Ne pas oublier son excellent odorat non plus.
Avec un peu de chance, personne ne viendra, mis à part Thomas et peut-être que le spectacle de mes restants éparpillés un peu partout va le dissuader de faire une nouvelle bêtise.

Mais qu'est-ce que ... mais c'est quoi ça ... ils ont envoyé les chiens finir le travail ou quoi, déjà que j'ai de la difficulté à me rappeler où je suis au travers de la douleur.

Un chien ou plusieurs, ils ont l'air vraiment affamé, mais ils vont lâcher ma jambe.
Je vais faire une tentative ... je crois que mon oeil gauche n'a pas éclaté et que les dégâts sont relativement assez minimes pour que je puisse ouvrir l'oeil.

Un chien ... des cheveux verts ... un chien avec des cheveux verts, depuis quand est-ce que ...
ah ... c'est Céleste ... mieux vaut moi plutôt qu'à un autre ... je suppose ... j'espère tout simplement qu'elle ne s'en voudra pas encore trop pour ça, après tout ce n'est pas si grave, la douleur, la regénération, tout ... en fait, mais je déteste savoir que les autres souffrent d'une manière ou d'une autre à cause de moi ... surtout elle, ça me touche vraiment peut-être parce que ça la touche elle aussi ce qui m'arrive ... ça l'a touche un peu trop même pour son propre bien, je crois.