Je vais bien ... je vais bien ... on dirait presque un mantra, ... mais, non, ce n'est que la phrase que je me tue à répéter à tous le monde. Je viens de revenir à la vie, dans des circonstances ... disons le franchement ... atroce, non, je vais pas particulièrement bien, mieux qu'avant, moins que je ne l'es déjà été, mais ça va aller mieux avec le temps, donnez-moi juste du temps, voilà tout !
Qu'est-ce qu'on peut réellement répondre à cette question là : Est-ce que tu vas bien ?
On l'utilise trop souvent, d'une manière trop superficielle et finalement ... la réponse ne veut rien dire, autant que la question ne veut rien signifier de particulier. On devrait seulement y voir une inquiétude de la part des autres, dans ce cas, pourquoi est-ce qu'il faut donner une réponse qui n'a pas de sens et qui de toute façon, ne va pas rassurer l'autre personne ?
C'est étrange, mais ... avant, je ne pense pas que je me serais questionné sur le sujet. En fait, le côté plus psychologique de cette question ne m'aurait même pas traversé l'esprit. J'aurais répondu d'une façon mécanique, comme tout le monde en fait. Que peut-on répondre vraiment à ça ?
Je en vais pas bien ... complètement, disons que j'ai mal vécu ma mort, mais qui pourrait bien la vivre ?
Je ne sais pas trop pourquoi je suis vivante ... je sais pourquoi Lloyd ne meurt pas, je m'efforce de le garder vivant, mais pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai de spécial ? Ma magie sort un peu de l'ordinaire, du moins, c'est ce que je pensais il y a ... disons un an, ensuite j'ai découvert qu'elle était teintée de magie rouge, un autre style de magie, mais encore là, tu peux comprendre d'où ça vient ... de l'autre côté. Maintenant, je ne sais plus ...
Ma magie n'est ni noire, ni rouge, j'en perds des morceaux et j'apprends autre chose, mais c'est quoi cet autre chose, ça vient d'où lui ?!? D'un esprit qui m'apparaît et qui décide que je ferais un bon barde, d'une voix dans ma tête qui prétend que je serais une bonne prêtresse, sa prêtresse, mais il faut que je le reconnaisse comme étant mon dieu. Il y a des dieux ???!!!??? Ou du moins un, puisqu'il a élu domicile dans ma tête à trois reprises pour m'enseigner sa religion.
Oui, je me suis convertie, par désespoir au début ... maintenant, plus parce que j'aime bien les grandes lignes de cette religion, elle ressemble à celle de Luum, mais elle se base davantage sur la vie ... celle des autres en fait.
Oui, j'ai accepté d'apprendre à chanter avec un esprit qui me parle, mais je n'avais plus grand chose à perdre au début ... maintenant, ça me calme, j'aime bien chanter.
La magie qui vient avec tout ça est différente, de la magie noire, de la magie rouge. Je ne suis plus vraiment ce que j'étais il y a un an, en fait, je ne suis plus grand chose de ce que j'étais supposé être à ma naissance. C'est-à-dire une mage noire, puissante, provenant d'une des meilleures familles et de permettre à la continuité de cette magie en donnant de beaux enfants.
Rentrer chez moi ne signifie plus grand chose pour moi, non pas que j'oublie mes origines, mais plutôt que je ne suis jamais vraiment entrée dans le cadre attendu, que j'ai fait honte à mes parents en étant abandonnée à l'autel, que je les déçois de ne pas être comme ce qu'ils attendaient que ma valeur à leurs yeux est moindre, presque inexistante. Je sais que le retour va être difficile, mais je pense que je ne retournerais plus chez moi, dans ma famille. Après tout, j'ai le choix. Chacun avec leurs conséquences, chacun avec une vie différente.
Parler à Lyra à propos de ça, m'a fait du bien, même si le choix est plutôt apeurant, je pense que celui que je vais faire sera le bon ... pour tous le monde, mes parents y compris.
Après ça, je serais seule ... pas complètement, puisque je tiens quand même à aider le groupe, mais après ... je ne sais pas trop ...
Je ne serais jamais réellement seule, du moins ... non, je ne sais pas trop. Oui, je vais garder dans ma tête des centaines de souvenirs, dans mon cœur ceux que je vais rencontrer.
...
Lloyd sera toujours dans mes prières.
C'est étrange, non ?
J'ai dû creuser la terre pour me sortir, j'ai dû paniquer des centaines de fois, de peur de mourir asphyxiée encore et encore. J'ai ressenti une douleur indescriptible tellement mon corps était en feu, noirci en majorité pendant toute cette épreuve et puis après, et après, et après ... tout au long de ma guérison qui n'est en fait dû à personne d'autre que mes prières et ma ferveur religieuse. Ma guérison est un miracle, un cadeau de mon dieu, mais ce fut long et la terreur de rester comme ça, de ressembler à un monstre toute ma vie, tout ce qui me restait de vie, m'a étouffer longtemps.
J'ai ressenti la plus grande humiliation de ma vie, lorsqu'on m'a pris pour un monstre dans la campagne et une honte presque aussi grande lorsqu'on a accepté de m'aider du bout des doigts. Il ne parlait pas, il me regardait à peine, mais honnêtement, j'aurais suivi cet homme au cheveux rouge partout dans le monde à la condition qu'il m'enlève de cet endroit et c'est ce qu'il a fait. Pourtant, je ne peux pas vraiment en vouloir à ces pauvres villageois.
Pendant des semaines, j'ai oscillé entre des pensées noires, folles et le questionnement.
Pourtant ... pourtant ... malgré tout ce qui m'est arrivé, la première pensée que j'ai eu pour quelqu'un, ce n'était pas vraiment moi, du moins, une fois que ma survie immédiate fut assurée. C'est pour quelqu'un d'autre, de très loin. Ce n'était que des pensées fugaces, lointaines, c'était tout ce dont j'étais capable dans l'état où j'étais. Mais elles me ramenait à quelqu'un ... Lloyd ...
Sommes-nous amis ... non.
Nous ne le sommes pas, mais j'ignore le lien entre nous, j'éprouve de l'attachement pour lui et je m'interroge parfois sur les raisons profondes de cet attachement. Avant je n'y aurais pas réfléchi, aujourd'hui, oui. Je pense même maintenant à pourquoi il a tant hésité avant de répondre à Rash, éprouve t-il de l'attachement pour moi ?
Il suffit que je lève les yeux pour voir que oui, je ne suis pas aveugle, il a une sorte de douceur dans les yeux lorsqu'il me parle, mais ce n'est pas de l'attachement à proprement parler, je me suis retenue, mais pour moi ça ressemblait plutôt ce qu'on éprouve devant un enfant ou un petit animal qui vous attendrit. Nous n'avons pas le même attachement, mais le mien, c'est quoi ?
Nous ne sommes pas amis, mais je suis heureuse qu'il s'en soit fait un quand même. Ah ! l'orgueil mâle complique tellement les hommes lorsqu'il est question de sentiment.
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